EFFRAYANT

MARE FISCUM No 9 j

J’ y SNUI, J’ y RESTE

FEV 2008

EDITO

                                                        EFFRAYANT…….

                  Un monde dans lequel, aux USA, on jette à la rue près de 2 millions de personnes parce qu’ils ne peuvent plus rembourser les prêts immobiliers qui leur avaient été consentis sur la base d’une idéologie qui affiche de façon dogmatique que l’économie de marché, élevée au rang de science, est seule capable de tout régenter, tout solutionner sans aucune intervention du politique, de l’Etat.

                   Un monde dans lequel, en France, un employé de banque peut faire perdre 5 milliards d’Euros parce qu’il faut que la banque engrange toujours plus de profits financiers et pour cela on fixe des objectifs de plus en plus contraignants, on paye au mérite l’exécutant  dont la hiérarchie est intéressée directement par ses résultats, et tout le monde se tait tant que les résultats sont bons.

              Un monde dans lequel la banque peut perdre 5 milliards d’Euros mais qui déclare qu’elle peut supporter cette perte puisqu’ il lui reste sur cet exercice encore plus d’un milliard d’Euros de bénéfice, alors que dans le même temps le gouvernement annonce qu’il va consacrer un milliard et demi, somme largement insuffisante selon les spécialistes et les responsables d’associations, pour la maladie d’Alzheimer, maladie dont personne ne conteste ni la gravité ni l’urgence qui existe à s’en préoccuper.

              Une société dans laquelle les banques et d’autres, y compris les grands groupes pharmaceutiques, font des milliards de bénéfice alors que dans le même temps elle fait payer par les malades ce milliard et demi par la  franchise médicale, ce qui se traduit par d’énormes difficultés pécuniaires pour un grand nombre de personnes aux ressources modestes.

           Ainsi, par exemple, suite à une ordonnance du médecin traitant qui estime indispensable la prise des médicaments qu’il prescrit, la facture à la pharmacie s’élève à un montant total mensuel de 126,46 Euros qui au départ étaient entièrement remboursés. Puis de déclassements en déclassements, de vignettes bleues en vignettes oranges,  jusqu’à la suppression totale du remboursement pour certains médicaments (qui augmentent alors de près de 70%), l’assuré se retrouve à payer 29 euros pour avoir la même chose qu’auparavant .

           Si l’on compte, dans le cas particulier, les 79 Euros mensuels payés à la mutuelle, les 4,16 euros  de franchise médicale on arrive à un total de 112,16Euros, par mois soit près de 1400 euros par an !!!  Certes on est loin des Milliards d’euros de perte ou de bénéfice de certains mais ce sont de vraies difficultés qui sont bien le reflet de la vraie vie du plus grand nombre des vrais gens.

                  Devant tous ces constats, toutes ces dérives, tous ses méfaits, à tous niveaux, la seule réponse des idéologues de ce type de société, consiste à dire que cette situation vient du fait que l’on ne va pas encore assez loin dans la libéralisation, dans la déréglementation, dans la concurrence, dans la précarité, dans l’individualisation, en un mot dans tout ce qu’ils qualifient de réformes.

                 Effrayant est ce discours et au contraire, il faut continuer de croire, de dire et répéter que c’est par l’intervention collective,  par la puissance publique organisée démocratiquement, que l’on  doit réglementer, et non pas seulement réguler, les dérives qui naissent de cette idéologie.

Christian Steenhoudt