Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Syndicaliste aux impôts
21 juin 2017

APRES LES ELECTIONS UN DEVOIR DE MEMOIRE NECESSAIRE

 

 

ARTICLE PUBLIE LE 24/ 02/ 2011

dans le No 45 de " MARE FISCUM, MARE NOSTRUM" 

Du bulletin de Comité de Liaison des Retraités du SNUI

 

                                                           DEVOIR DE MEMOIRE

          Il est parfois nécessaire de rappeler l’Histoire. Le progrès social est récent
et il ne faut pas oublier que rien n’est définitivement acquis. Il en est ainsi du repos
hebdomadaire qui paraît être une évidence pour beaucoup d’entre nous
mais qui n’a été octroyé que depuis un peu plus de cent ans.

        Historiquement, dans nos sociétés judéo chrétiennes, le jour chômé ou jour du Seigneur

est issu de la Bible. La Révolution Française l’a aboli. Une loi de 1814

« pour la sanctificationreligieuse » l’a rétabli sous la pression du clergé 

afin que l’ouvrier puisse assister à la Messe avec sa famille.

En réalité, cette loi était peu ou prou appliquée et elle fut abrogée par

une loi le 12 juillet 1880. Avant 1906, l’ouvrier travaillait la semaine et 

devait entretenir et réparer les machines le dimanche, selon Napoléon

« le peuple mangeant le dimanche, il doit pouvoir travailler le dimanche ».

      En fait,  le repos hebdomadaire est concédé selon le bon vouloir du patron.

Les ouvriers sont là pour travailler quelles que soient les conditions de travail.

A cette époque, elles sont difficiles voire inhumaines. On ne s’occupe pas du bien être

de l’ouvrier qui, à 40 ans, ayant souvent sombré dès le plus jeune âge

dans l’alcoolisme, est déjà un vieillard.

      En 1906, le samedi 10 mars, dans le bassin minier du Pas de Calais,

un coup de grisou, suivi d’un coup de poussier dévaste 100 km de galeries

entre Courrières et Lens. Cette catastrophe minière fit officiellement 1099 morts.

Lors des obsèques, le 13 mars, le directeur des Houillères est accueilli par la foule :

«assassins» «vive la révolution - vive la grève».Le 16 mars 1906, 45 000 mineurs se 

mettent en grève. Le 20 mars, Clémenceau, alors Ministre de l’intérieur, fait intervenir

la troupe suite à l’occupation par les grévistes de l’hôtel de ville de Lens.

 La tension est à son comble, les incidents se multiplient et un officier

de l’armée est tué. Le 1er mai, 50 000 mineurs défilent à Paris.

Cette catastrophe eut des répercussions à la fois sur le plan politique et sur le plan social.

         Le 20 mai, les forces de gauche remportent les élections. Il faut absolument

apaiser les ouvriers mais aussi le clergé, juste après la loi du 9 décembre 1905

sur la « Séparation des Eglises et de l’Etat ». C’est ainsi que, sous le gouvernement

présidé par Ferdinand Sarrier, les députés votent la loi Lemire, (du nom de l’abbé Lemire,

député républicain qui fut aussi à l’origine de la création des allocations familiales et des jardins ouvriers).

La loi est promulguée le 13 juillet 1906. Elle accorde aux salariés de l’industrie

et du commerce un repos de 24h après 6 jours de travail. L’article 2 de la loi fixe 

ce repos au dimanche. Le congé du dimanche n’a rien de religieux.

Il repose sur deux valeurs nouvelles : le repos et la famille.

         En 1906, les gens de maison et les travailleurs agricoles en sont exclus.

Pour que le repos dominical soit généralisé, il faudra attendre la fin 

de la 1ère Guerre Mondiale. Mais rien n’est jamais acquis en la matière.

Ces dernières années, de grandes enseignes commerciales voulaient
remettre en cause le repos dominical soit disant pour permettre

aux clients de faire leurs courses en famille. Le discours néo libéral

n’a peut être pas dit son dernier mot. Par conséquent, la vigilance s’impose tous les jours.

   

          Déjà en 1906, le patronat proclamait «ce n’est pas possible»

à propos du repos hebdomadaire. L’économie du pays allait être ruinée.

Alors, la semaine de 40h et les congés payés, n’y pensons pas,

c’était complètement impossible. A l’époque, la semaine de travail

n’avait pratiquement pas de limite.

       En 1936, tout a commencé, comme souvent, par un fait «anodin» qui,

elle une traînée de poudre, se propagea à l’ensemble du pays.

           Le 11 mai 1936, les ouvriers des usines d’aviation Bréguet se mettent

en grève pour exiger la réintégration de deux militants syndicaux

qui avait été licenciés parce qu’ils s’étaient mis en grève le 1er mai.

Ces usines étant situées au Havre, les dockers se mettent en grève par

solidarité. Puis, le mouvement s’étend le 13 mai aux usines Latécoere

de Toulouse, le 14 aux usines Bloch de Courbevoie.

Le 24 mai, 600 000 manifestants, drapeaux rouges en tête, défilent
pour célébrer la Commune de Paris. Le 28 mai, les ouvriers de Renault

à Boulogne Billancourt se mettent en grève et sont suivis par

d’autres secteurs de l’économie : la métallurgie, la chimie,
le textile mais aussi par les ouvriers agricoles ou des employés

comme les garçons de café, les vendeurs de journaux.

         Par ailleurs, c’est la première fois en France que les grévistes 

occupent les usines. Le patronat inquiet refuse de faire appel aux forces de l’ordre,

il préfère négocier. Deux millions de grévistes, 9000 entreprises occupées,

on a peur de revivre la révolution bolchevique. Issu du Front populaire,

le Président du Conseil, Albert Sarraut (radicalsocialiste), demande

à Léon Blum (SFIO) de prendre le relais pour résoudre la crise. 

La pression était telle que la Confédération Générale du Patronat Français

accepte rapidement les revendications.

      Des avancées sociales importantes sont ainsi obtenues

avec les accords Matignon : Les salaires sont augmentés de 7 à 15 %

selon les activités, le droit syndical est reconnu : des délégués représenteront le

personnel. Ils ne pourront être licenciés sans l’autorisation de

l’inspection du Travail. Les lois des 11 et 12 juin viennent compléter le dispositif :

La semaine de travail passe 48 h à 40h. Le but était de réduire le chômage

en maintenant un niveau de production identique.

        Des conventions collectives définiront les statuts des employés

d’une branche professionnelle, après négociation entre les représentants

des employeurs et les représentants des salariés. 15 jours de congés payés

(2 semaines et 2 weekends) sont obtenus avec possibilité d’obtenir des
billets de train avec une réduction de 40%.

             Malgré ces avancées sociales, certains veulent continuer la grève.

Le PCF par la voie de Maurice Thorez appelle à la reprise

« il faut savoir arrêter une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il
faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications

n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire

sur les plus essentielles revendications. »

           Il faut savoir que sitôt la victoire obtenue, le camp adverse n’a qu’un

but reconquérir le terrain concédé. C’est ainsi que le premier coup

de canif a été donné par Paul Reynaud (Alliance démocratique)

qui dès 1938 autorise les heures supplémentaires qui, bien entendu,

sont payées à un taux horaire moindre.

     C’est ensuite le gouvernement de Vichy qui porte la durée 

maximum de travail à 60 heures. Après la seconde guerre mondiale,

la semaine de 40h sera rétablie mais comme il faut bien reconstruire,

les heures supplémentaires seront autorisées.

    En 1982, la réduction du temps de travail se poursuit 

sous la présidence de François Mitterand avec les 39h, puis sous

le gouvernement Jospin avec les lois Aubry sur les 35h.

On connaît aussi les attaques subies par les 35h avec la possibilité 

pour les entreprises de recourir aux heures supplémentaires,

exonérées d’impôt et charges sociales.

      Les congés payés ont connu une existence plus apaisée.

Leur progression n’a pas cessée. En mars 1956, le gouvernement Guy Mollet

fait voter une loi pour les porter à 3 semaines. La loi du 16 mai 1969

étendra à tous les salariés les quatre semaines de congés payés

obtenues en décembre 1962 par les métallos de Renault et que

85 % des salariés du privé avaient arrachées au cours de mai 68.

Enfin, en 1982, le gouvernement Mauroy, par une ordonnance du

16 janvier 1982, fixe les congés payés à 5 semaines.

        L’histoire nous apprend que rien n’est jamais acquis et

que le plus souvent il nous faudra poursuivre la lutte pour garder

les avancées sociales obtenues par nos aînés. Comme le disait

Fleurette Levesque «la vie est un éternel recommencement,
seule l’acceptation de la défaite signifie la fin de tout. Tant  et aussi longtemps
que l’on sait recommencer, rienn’est totalement perdu"

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Syndicaliste aux impôts
Publicité
Archives
Publicité