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Syndicaliste aux impôts
20 août 2016

AG DE LA FGR DU 95

 NOTRE INVITE : CHRISTIAN STEENHOUDT

        Christian STEENHOUDT a été inspecteur principal des impôts et secrétaire général du SNUI (syndicat national unifié des impôts). Il est actuellement membre du bureau national de la FGR-FP (fédération générale des retraités de la fonction publique)

   SON INTERVENTION:            

      J’ai vraiment plaisir à me retrouver parmi vous. Votre section fonctionne bien et, grand merci à Sylvie Premisler qui a permis que nous ayons eu la chance de faire passer nos idées dans la presse, puisque nous pouvons lire nos analyses et nos revendications dans une interview parue dans le n° 1086 de CHARLIE HEBDO en date du 10 avril 2013.          

      La FGR-FP est née en 1936. C’est une vieille dame et c’est une militante du syndicat national des instituteurs, Marthe PICHOREL qui l’a créée.

                        Je ne suis pas issu du monde de l’éducation nationale, administrativement, j'ai terminé au grade de conservateur des hypothèques, une race envoie de disparition puisque le grade a été supprimé.  J’ai été 14 ans permanent de mon syndicat dont quatre ans en qualité de secrétaire général du SNUI et de la fédération des finances (FDSU) et également président de l'union des syndicats des impôts de tous les pays de la CE.                  

 

        La FGR-FP est un outil important et intéressant mais encore fragile même si elle compte 60 000 adhérents Dès le départ, la construction de la FGR-FP est inédite, rassemblant des retraités restés syndiqués et des adhérents directs individuels. Ce maintien de l'unité d'action des retraités est une particularité de la vie de la FGR-FP. Elle a choisi de privilégier le statut de retraité. Ainsi on retrouve, dans la même organisation, des fonctionnaires issus de métiers différents ou de syndicats différents.

                    La FGR-FP est un outil unitaire très précieux, un lieu de rencontre et de débats, et qui a une réelle capacité d'expertise, mais elle manque de notoriété Il faut la préserver et la renforcer. Le souvenircuisant des déchirements de la FEN a laissé des traces mais je n’y étais pas et je ne suis ni un enfant ni un parent du divorce. La FGR-FP reste avec une image d’association, mais elle va très loin, plus loin que la frilosité de bien des organisations syndicales. Le combat contre la déception et la résignation se doit d’être de tous les instants.

                 Nous sommes fonctionnaires toute notre vie. Nous sommes budgétés toute notre vie. Excusez-moi d’insister, il ne s’agit en rien d’un combat corporatiste, mais la défense du statut général de lafonction publique est un combat citoyen. Pour un fonctionnaire, on ne parle pas de fonction
 publique d'emploi mais de fonction publique de carrière, pas de salaire mais de traitement, pas de retraite mais de pension.

             En ce sens le rapport du COR ne nous concerne pas, nous ne sommes pas dans la répartition. Ce n’est que par parallélisme des formes que les réformes du COR peuvent nous atteindre. A nous de faire en sorte que nos idées et nos valeurs s’imposent dans le débat.

         Nous devons avoir une politique de communication très volontariste. Cela ne sert à rien d’être les meilleurs du monde si on ne le fait pas savoir. Ce qu’il nous faut, c’est du savoir-faire, savoir y faire et le faire savoir !!! La plaquette de présentation de la FGR-FP a été refondue et elle sera envoyée
avec notre journal le COURRIER DU RETRAITÉ à tous les retraitables.

       De quoi la FGR-FP a -t-elle le droit de parler ? Elle doit aborder tous les thèmes des grands combats citoyens. Il faut parler du chômage, de la concurrence acharnée et déloyale, du dumping social et fiscal qui minent et ruinent l’Europe. On peut faire tous les pactes de compétitivité franco-français qu’on veut, cela ne réglera aucun problème. Aujourd’hui, tout se fait contre le salaire, les délocalisations, les licenciements, le tassement des  salaires. On s’arque-boute et à juste titre sur la reconnaissance de la qualification des salariés, mais il faut voir ce qui se passe sur le terrain : des
gars qui se battent pour un SMIC, des jeunes qui planquent leurs diplômes pour trouver un job !

        Quelles sont les pistes de réflexion ouvertes par la FGR-FP ? Je participe à deux commissions. L’une réfléchit sur la place des retraités dans la société (l’image qu’a le retraité de lui- même ainsi que des autres retraités), l’autre recherche les instances dans lesquelles les retraités ne sont pas
représentés. En 50 ans, les Français de plus de 60 ans sont passés de 5% de la population à 20% aujourd’hui et seront 33% en 2035 selon les démographes.

         Pour la première fois depuis le début de l’humanité, quatre générations se côtoient, qui ont droit à une vie digne, pleine et entière. La prise
en charge de la perte d’autonomie est de plus en plus coûteuse, elle ne permet de garantir ni un maintien à domicile ni l’hébergement en établissement. Depuis avril, les retraités imposables vont devoir s'acquitter d'une nouvelle taxe de 0,3%, assise sur l'ensemble de leur pension. Baptisée CASA
(contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie) elle devrait en théorie servir, comme son nom l'indique, à financer la réforme de la dépendance à partir de 2014. En attendant que cette dernière soit mise en place, les recettes sont déjà détournées et elles contribuent à remettre à flot le fonds de
solidarité vieillesse, en difficulté financière. Cela risque de finir comme la vignette Ramadier et nous ramène au problème crucial de la fiscalité.

           Les déficits ne sont pas dus à une augmentation irresponsable des dépenses publiques, mais bien aux cadeaux fiscaux qui se sont multipliés pour les riches et les grandes entreprises. Prenons le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) l’idée n’est pas mauvaise, mais ce qui est fou c’est qu’une mesure, qui va coûter 20 milliards d’euros à l’État, profitera à de grands groupes qui affichent de copieux profits, ne sont pas forcément exposés à la concurrence, et qui sabrent dans l’emploi et cela sans aucune conditionnalité et aucun contrôle a posteriori.

       Si on ajoute que la fraude fiscale représente 15% du budget soit 80 Milliards d’Euros, nous savons que nous nesommes pas au bout de nos peines. Avant, les agents des impôts pouvaient vérifier les comptes bancaires des professions libérales, et croiser ces informations avec les signes extérieurs de  richesse. C’est BALLADUR qui nous a enlevé tout cela.

               Optimisation, fraude, évasion fiscales, cecombat doit être mené au niveau européen. Quand on contrôle une entreprise en France il faut obtenir un droit de suite dans les filiales d’Espagne, d’Italie ou d’Allemagne, il faut pouvoirenquêter, posséder les logiciels ad hoc. Nous demandons la correctionnalisation de ces actes délictueux car il faut bien saisir que celui qui vole l’Etat vole les pauvres. La concurrence fiscale et sociale, véritable guerre au sein de l’union européenne, est en échec. Elle lamine les systèmessociaux et les services publics sans parvenir à dynamiser l’activité économique et à créer des emplois. Il faut sortir de l’impasse et mettre en place un serpent fiscal européen. La France devrait
avoir le courage de donner une véritable impulsion politique. Il faut taxer la richesse dégagée des entreprises et pas de la masse salariale.

                     L’idéologie ultra-libérale triomphante montre ses limites. Crises économique, sociale, et morale s’enchevêtrent et s’aggravent mutuellement. La cohésion sociale et le bien commun se délitent. Il est nécessaire et possible d’inverser cette orientation inique et mortifère. Notre plus gros boulot consiste à reconquérir l’Etat. En militant à la FGR-FP nous oeuvrons à cette reconquête d’un Etat tombé sous l’emprise de la finance (avec visage !), nous résistons à la dictature des marchés afin sauvegarder la démocratie et les droits sociaux.

             La discussion s'engage à la fin de l'exposé de Christian. Martine insiste sur les conséquences pour les fonctionnaires du rapport du COR et sur l'importance de défendre le système de répartition des retraites, opposé à la capitalisation ou aux comptes notionnels ainsi que la budgétisation des
pensions des fonctionnaires de l'État.

       Merci à notre invité qui a su nous éclairer avec talent et enthousiasme Si vous voulez prolonger la réflexion, reportez -vous à la lecture du « courrier du retraité », connectez-vous aux sites départemental et national de la FGR-FP et emparez-vous des communiqués de presse afin de les
faire circuler le plus largement possible.

         Échanges et convivialité se sont poursuivis lors d’un repas amical au restaurant du lycée hôtelier : nous remercions le proviseur, le chef pour la gastronomie et les équipes de professeurs et d’élèves pour la qualité de l’accueil et du service.

Compte rendu rédigé par Sylvie PREMISLER

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